Le tayammum

Le tayammum est une sorte de purification qui remplace les ablutions et le bain rituel lorsqu’il y a un manque d’eau, ou lorsqu’on se retrouve dans l'impossibilité d’utiliser de l’eau. Aussi, il est permis de faire avec le tayammum tout ce qu’on fait avec les ablutions et le bain rituel, comme par exemple la prière, toucher le Qur’an etc. La preuve de l’institution du tayammum est cette parole d’Allah ( s) : “Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l’un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins, ou si vous avez touché à des femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, alors recourez à une terre pure, et passez-vous-en sur vos visages et sur vos mains. Allah, en vérité est Indulgent et Pardonneur.” An-Nissâ’

Le tayammum fait partie des spécificités de la communauté du prophète Muhammad ( s). En effet, le messager d’Allah ( s) a dit dans un hadith : “J’ai été préféré par rapport aux autres prophètes avec six choses : on m’a offert la faculté de dire des phrases concises, j’ai été secouru de la frayeur, on m’a rendu licites les butins, on a fait de la terre un élément de purification pour moi et un lieu de prière, j’ai été envoyé à l’humanité tout entière, et on a fait de moi le sceau des Prophètes.” Sahih Muslim

Les causes qui rendent le tayammum permis

  • L’absence d’eau. Allah ( s) dit : Si vous ne trouvez pas d’eau, alors recourez à une terre pure . Et dans un hadith rapporté d’après ‘Imrân ibn Huçayn ( s), le messager d’Allah ( s) ayant aperçu un homme qui était resté à l’écart et n’avait pas prié avec les gens, lui demanda : “Ô untel ! Qu’est-ce qui t’a empêché de faire la prière avec les gens ?». Je suis en état d’impureté majeure, répondit l’homme, et il n’y a pas d’eau. Alors le Prophète ( s) répliqua : « Ais recours à la terre pure, et elle sera suffisante.” (Agreed upon)
  • Lorsque l’utilisation de l’eau s’avère dangereuse pour une personne, comme par exemple si elle est blessée ou malade, et craint de retarder sa guérison ou d’aggraver sa maladie si elle utilisait l’eau. En effet, Allah ( s) dit : “Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l’un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins, ou si vous avez touché à des femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, alors recourez à une terre pure.” (Tirmidhi)
  • Jâbir ( s) rapporte : “Nous étions en voyage lorsque l'un de nous fut atteint par un cailloux qui le blessa à la tête. Ce dernier eut ensuite une pollution nocturne et ayant demandé à ses compagnons s'il lui était permis de faire le tayammum, ceux-ci lui répondirent : nous ne trouvons pour toi aucune excuse, tant que tu as de l’eau à ta disposition. L’homme procéda à un bain rituel, et mourut suite à cela. Jâbir continue en disant : lorsque nous revînmes trouver le messager d’Allah ( s) et qu’il fut informé de ce qui s’était passé, il dit : Ils l’ont tué, qu'Allah les maudisse ! Pourquoi ne demandent-ils pas lorsqu’ils ne savent pas ? La question est le remède de l’ignorance. Il lui suffisait seulement de procéder au tayammum, puis de bander sa blessure et de passer sa main mouillée sur le bandage, puis de laver le reste de son corps.” (Tirmidhi)


  • Lorsqu’une personne dispose d’une quantité d’eau, mais en a besoin tout de suite ou dans le futur, pour boire, pour en donner à boire à une autre personne, ou encore afin de l’utiliser dans la cuisine, en sorte que si elle utilisait cette quantité d’eau pour sa purification, elle se ferait du tort ou en ferait à d’autres personnes. Dans ce cas, elle doit recourir au tayammum et conserver l’eau qui servira de boisson pour elle-même ou pour autrui. Alors qu’il fut interrogé à propos d’un homme qui au cours d'un voyage se retrouve pollué (junub) à un moment où n’ayant à sa disposition qu’une petite quantité d’eau, et craignant d’être exposé après à la soif, ‘Alî ( s) répondit en ces termes : “Qu’il procède au tayammum et qu’il laisse le bain.” (Tirmidh,Nasai, Abu Daud)
  • Lorsqu’une personne redoute un ennemi dangereux pour sa vie, ou qui peut porter atteinte à son honneur ou à sa fortune au cas ou elle se lance à la recherche d’eau, ou encore s’il y a entre la personne et le point d’eau des animaux féroces qu’elle redoute, il lui est alors permis de procéder au tayammum.
  • Lorsqu’un musulman se retrouve en période de froid glacial où l’eau est fraîche, dans l’impossibilité de la chauffer, et est fondé à croire qu'il se ferait du mal si jamais il venait à utiliser l’eau telle qu’elle est, il peut aussi dans ce cas procéder au tayammum. En effet, ‘Amr ibn Al-‘Âç rapporte : “Comme j’avais eu une pollution nocturne au cours d’une nuit froide pendant l’expédition militaire appelée « Dzâtus-Salâsil.” (Abu Daud)
    Dzâtus-Salâsil » et que je craignais de mourir si jamais je prenais un bain, je procédai au tayammum et dirigeai ensuite la prière du matin devant mes compagnons. Ceux-ci informèrent le Prophète ( s) de ce qui s’était passé, et il dit : “Tu as prié devant tes compagnons en étant pollué, ô ‘Amr ?.” (Abu Daud)
    Alors je l’informai de ce qui m’avait empêché de prendre un bain rituel en disant ceci : j’ai entendu Allah ( s) dire ceci : “Ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.” (Abu Daud)
    Le messager d’Allah ( s) rit et ne dit rien » . Ici, le silence du messager d’Allah ( s) est une preuve de la permission de cet acte, car le Messager ( s) n’approuve jamais une faute.

Ce qui annule le tayammum

Tout ce qui annule les ablutions annule aussi le tayammum.
La présence de l’eau pour celui qui en manquait.
La disparition de l’excuse qui avait rendu impossible l’utilisation de l’eau.

Comment procéder au tayammum ?


  • Il est permis de procéder au tayammum en recourant à la poussière ou toute autre chose semblable se trouvant à la surface de la terre, et ceci de la manière suivante :
  • Avoir d’abord dans le cœur l’intention de se débarrasser de l'impureté à cause de laquelle on veut procéder au tayammum.
  • Dire : Bismillah [Au nom d’Allah], et ensuite frapper une seule fois avec l’intérieur des deux mains la terre pure, les doigts espacés.
  • Essuyer son visage à l’aide de l’intérieur des doigts, et ses deux mains à l’aide de des deux paumes de mains, jusqu’aux poignets. Ceci conformément au hadith selon lequel un homme vint trouver ‘Umar ( s) et lui dit : Je suis en état d’impureté majeure [janâba] et je ne trouve pas d’eau ». Aussi, ‘Umar ( s) lui dit : “N'accomplis pas la priere.”
    Alors ‘Ammâr ( s) dit à ‘Umar ( s) : “Ô commandeur des croyants ! Ne te rappelles-tu pas lorsque sortis dans une expédition militaire toi et moi, nous fûmes en état d’impureté rituelle majeure alors que nous manquions d’eau, lorsque toi tu restas sans prier, et que moi je me vautrai dans la poussière et priai ensuite,”
    et que le Prophète ( s) dit : “Il te suffisait de frapper la terre de tes deux mains, puis d’y souffler et d'en essuyer ton visage et tes deux mains.” Sahih Muslim

Remarques:

  • Celui qui, par le tayammum se purifie et prie, puis trouve de l’eau directement après avoir prié, ou bien voit subitement disparaître en lui ce qui lui rendait impossible l’utilisation de l’eau, n’est pas obligé de refaire la prière, même si l’heure de ladite prière n’est pas encore sortie. En effet, Abû Sa‘îd Al-Khudrî ( s) rapporte : “Comme deux hommes étaient en voyage, l’heure de la prière arriva alors qu’ils ne disposaient pas d'eau. Aussi, ils procédèrent au tayammum et firent la prière. Puis après avoir prié, ils trouvèrent de l’eau alors que l’heure de la prière qu’ils venaient d’effectuer n’était pas encore sortie. L’un des deux hommes refit ses ablutions et reprit la prière, tandis que l'autre ne la refit pas, puis ils vinrent informer le messager d'Allah ( s) de leur histoire, et il dit à celui qui n’avait pas repris la prière : Tu t’es conformé à la Sunna, et ta prière est valable, puis il dit à celui qui avait refait ses ablutions et repris la prière :Tu as une double récompense.” Al-Mustadrak ‘alâ As-Sahihayn
  • Le tayammum de celui qui, alors qu'il est encore dans la prière, trouve de l’eau ou voit disparaître en lui ce qui lui rendait impossible l'utilisation de l'eau s’annule, et il doit dans ce cas faire les ablutions. Il est en effet rapporté que Abû Dzar ( s) vint en état d’impureté majeure trouver le Prophète ( s). Alors le Prophète ( s) lui fit apporter de l’eau, et il se mit à l’abri de la vue des gens et prit un bain rituel, puis le Messager ( s) lui dit : “La terre pure sert de purification au musulman tant qu’il n’a pas trouvé de l’eau, même si cela devait durer dix ans. Mais dès qu’il trouve de l’eau, il doit tâcher à ce qu’elle touche sa peau, car cela est meilleur.” Musnad Al Imam Ahmad
  • Celui qui, pour une quelconque cause légale, procède au tayammum que ce soit suite à une pollution, aux menstrues ou aux lochies, puis prie, n’est pas obligé de reprendre sa prière, mais s’il trouve de l’eau ou voit disparaître en lui ce qui lui rendait impossible son utilisation, il doit obligatoirement se purifier par un bain. ‘Imrân ibn Huçayn ( s) rapporte en effet que le messager d’Allah ( s) ayant aperçu un homme qui était resté à l’écart et n’avait pas prié avec les gens, lui demanda : “Ô untel ! Qu’est-ce qui t’a empêché de prier avec les gens ?. Je suis en état d’impureté majeure, répondit l’homme, et il n’y a pas d’eau. Alors le Prophète ( s) répliqua : Ais recours à la terre pure, et elle sera suffisante. ‘Imrân par la suite mentionne qu'après qu'ils aient trouvé de l'eau, le messager d'Allah ( s) donna à l’homme qui avait dit être en état d’impureté un vase plein d’eau, en lui disant : Va et verse cette eau sur toi.” (Agreed upon)